Auteur/autrice : Fondation abritée Après-Tout

Avec l’association Possible, la Communauté nationale des acteurs Justice/Prison se retrouve à Lyon

Soutenues par la Fondation de France et la Fondation Après-Tout, quatre-vingt personnes venues de toute la France se sont retrouvées à Lyon le mercredi 27 novembre à l’invitation de l’association Possible pour participer à « Coop’Ins », journée de rencontre et d’échange au service de l’inclusion des personnes placées sous main de justice.

Après le mot d’ouverture de Sophie Muracciole, première vice-présidente chargée de l’application des peines au tribunal judiciaire de Lyon, diverses tables-rondes et témoignages ont rythmé la journée sur les thèmes suivants :

  • La coopération entre l’Administration pénitentiaire et les associations dans la préparation à la sortie
  • La politique partenariale entre l’Administration pénitentiaire et les structures de l’économie sociale et solidaire
  • La coopération entre l’institution judiciaire et les associations dans la prévention de la délinquance et de la récidive
  • Le monde de la recherche au service de l’inclusion professionnelle des personnes détenues.

La Communauté nationale des acteurs Justice/Prison compte aujourd’hui trente-quatre membres. Elle est un lieu dynamique favorisant les échanges d’expériences. Cela est d’autant plus important qu’il y a aujourd’hui une obligation de travailler ensemble au service d’un bien commun. Associations et acteurs de terrain sont au plus près de la réalité du quotidien et font preuve d’un vrai savoir-faire, d’une compétence de plus en plus fine et d’une confiance partagée. 

Un exemple parmi d’autres : LES BEAUX METS à Marseille qui témoigne du partenariat entre une petite association dynamique et une grosse institution régalienne. En effet, au sein de la prison des Baumettes, à deux pas de la Calanque de Morgiou, l’ancien quartier des femmes a été transformé pour accueillir un restaurant. La cuisine, ouverte sur une salle de 42 couverts, est un véritable outil de travail pour les personnes détenues, ayant encore moins de deux ans de peine à accomplir, et symbolise cette transition vers l’extérieur. Aux manettes, la Cheffe de cuisine Sandrine Sollier et sa brigade concoctent tous les midis, du lundi au vendredi, des plats de choix préparés avec des produits frais, de saison et locaux.

Un autre exemple est celui d’ART-EXPRIM en milieu carcéral et qui veut favoriser l’expression des personnes détenues pour s’intégrer dans un processus global de réinsertion. Menés par des artistes professionnel.le.s désireux.ses de développer un travail en milieu carcéral, les projets d’art-exprim visent à la fois à répondre au besoin identifié par les services de probations et à nourrir l’échange et la transmission de savoirs entre artistes et personnes placées sous-main de justice. Depuis 2021, l’association a pu proposer aux personnes placées sous-main de justice des ateliers de pratiques artistiques autour de la peinture, du dessin, de la maquette, du modelage. Art-Exprim a également réalisé plusieurs fresques.

Au service de l’accompagnement spirituel de la personne hospitalisée 

Le 18 novembre 2024, le Comité exécutif de la Fondation a décerné ses prix de mémoire 2024. Parmi eux, le travail de Madame Blandine Vrel, aumônier catholique au Centre Hospitalier Lyon-Sud depuis 2021, présenté dans le cadre du DU « Religion, liberté religieuse et laïcité » 2022-2023. Il portait sur : « Soigner et cultiver le partenariat aumôniers-soignants au service de l’accompagnement spirituel de la personne hospitalisée ». Elle nous le présente en quelques lignes.

La finitude, la souffrance, la maladie et la mort s’expriment profondément à l’hôpital. La médecine veille sur l’homme là où son humanité est la plus exposée dans la fragilité et c’est pourquoi une place singulière de veille lui est assignée. La place de l’accompagnement spirituel en milieu de santé se pense dans un contexte de sécularisation des institutions de soins et de la société, mais aussi de prise en compte de la personne dans toutes ses dimensions par les soins. À l’heure où les prises en charge se veulent globales, il est donc nécessaire pour l’entourage de la personne hospitalisée, médical ou non, d’intégrer cette dimension spirituelle. J’ai choisi de m’interroger sur cette mission de l’aumônier : collaborer avec les soignants pour apporter plus d’humanité au sein des hôpitaux et incorporer une certaine éthique dans la prise en charge globale des personnes hospitalisées en prenant en compte les particularités cultuelles et culturelles des personnes. Plusieurs enjeux éthiques ont guidé et éclairé ma recherche.

Le patient comme personne 

La maladie demeure une expérience, un ébranlement, un événement destructeur et/ou fondateur. Sous-jacente à la question de l’identité se joue la question de la permanence de soi. « Je suis un fardeau », « Pourquoi vous perdez votre temps avec moi », « Je sers plus à rien », « Je ne me reconnais même plus ». Comment percevoir la dignité des personnes malgré toutes les défigurations de la maladie, du vieillissement, du handicap… ? Comment répondre de manière ajustée à la vulnérabilité de l’autre en prenant en compte sa subjectivité (soigner mais pas malgré l’autre) ?

La spiritualité

L’OMS inclut la spiritualité dans sa définition de la santé, en caractérisant l’humain par quatre dimensions : biologique, psychologique, sociale et spirituelle. Qu’est-ce qui me fonde en tant qu’être humain ? Qu’est-ce qui donne sens à ce que je vis ? Au cœur de ces interrogations, les personnes accueillies à l’hôpital doivent pouvoir faire entendre leur questionnement spirituel ou religieux. C’est une nouvelle perspective de l’accompagnement aux soins qui s’ouvre en permettant aux aumôniers et aux soignants d’offrir leurs compétences respectives. De quoi faut-il prendre soin en tout être humain : cohérence, transcendance, unité…?  Comment soutenir la personne hospitalisée mais vivante jusqu’au bout, jusque dans la dépendance, la souffrance ?

L’alliance thérapeutique 

La maladie altère la relation. C’est une sorte de mort sociale, relationnelle. Cependant, la personne hospitalisée est de plus en plus sujet, acteur de ses soins et non plus passif, ce qui peut complexifier la tâche des soignants mais aussi l’humaniser voire la faciliter en acceptant la personne hospitalisée dans sa globalité. Il s’agit de « créer une alliance ». La religion est une pierre participant à la construction de cette alliance thérapeutique dans le quotidien des soins. Sa prise en compte est le meilleur garant du respect de ce qu’est chacun. Ce travail en alliance peut viser la réunification de la personne, dans toutes ses dimensions, et lui permettre d’être « sujet de sa propre histoire. Comment développer une attention au vécu de l’autre pour le soigner le mieux possible ?

A chacun à sa place 

Comment évaluer les besoins spirituels, détecter les demandes ? Comment les soignants, tout en respectant les exigences de la laïcité (ils sont tenus au principe de neutralité), peuvent-ils être attentifs à ces « besoins spirituels » et aux « besoins religieux », notamment cultuels, pour accompagner au mieux les personnes accueillies ? Quelle coordination mettre en place avec les équipes pour répondre au désir d’accompagnement de la personne ?

Quid de la place des autres religions ?

Les soignants ne souffrent pas seulement de la mort qui demeure la limite de toutes leurs pratiques et réussites mais de la déshumanisation de la mort lorsqu’elle est privée d’accompagnement et de ritualisation (Cf. la pandémie du COVID). A l’hôpital, la religion peut être une ressource face à la maladie, un lieu de soin : elle participe à l’équilibre fondamental de celui qui croit. Une question peut être soulevée, celle de la présence majoritaire des aumôniers de religion catholique. Un des enjeux est de respecter un pluralisme, essentiel à la laïcité,  et une équité dans la place des différentes religions. Nos manières de pratiquer et vivre notre foi sont différentes. Comment prendre en compte les aumôneries protestantes, juives, musulmanes ? Pourrait-on imaginer que la visite de présentation se fasse au nom de toutes les aumôneries ? Cette présence dominante peut-elle être perçue comme une forme de prosélytisme ?

Y a-t-il un risque d’appropriation médicale de la spiritualité ?

L’expérience spirituelle risque d’être médicalisée, réduite à des fins thérapeutiques. Si le seul but du spiritual care est la diminution et même l’élimination de toutes les souffrances, l’organisme devrait être sans faille, harmonieux, parfait. Guy Jobin évoque « l’esthétisation biomédicale de la spiritualité ». Cependant, nous le constatons, l’expérience de la maladie reste un combat, une lutte. Comment le spirituel peut-il rester ce qui échappe à toute récupération parce qu’il concerne la gratuité, l’identité profonde, le mystère et la liberté de la personne ? Comment préserver la spiritualité de l’utilitaire, du mesurable et du consommable ?

Un autre défi est de préserver la confidentialité et la liberté des personnes hospitalisées. Qu’en est-il du secret médical si le professionnel du spiritual care doit faire un compte-rendu systématique de ses visites à l’équipe soignante ? La confusion entre soignants médicaux et accompagnateurs spirituels pourrait être néfaste à la confiance établie. Pour préserver la gratuité du spirituel hors de toute récupération, nous devons veiller à ne pas être utilisés et à sortir d’une logique de l’efficacité et de l’utilité. De fait, il semble essentiel de considérer la personne comme un mystère et d’accepter que le « soin spirituel » demeure invisible et pas réduit à un modèle ou à une recette.  Un des défis de l’aumônerie est donc de promouvoir l’intégration des ressources spirituelles et religieuses dans le soin mais sans laisser la médecine réduire et instrumentaliser ces ressources ou quantifier le soin spirituel.

Il nous faut également être vigilants quant au prosélytisme vis-à-vis des personnes vulnérables. Dieu n’entre jamais dans la vie de quelqu’un par effraction. S’interroger ensemble sur « ce que dit la loi » permet d’apaiser les débats et de créer un espace de parole. Il devient possible de parler de religion sans laisser planer la crainte d’une emprise religieuse menaçant les libertés en contexte de vulnérabilité. La laïcité permet de rappeler les droits en fixant des limites.

Prendre soin : une vocation pour tous

La pandémie a pu être une révélation de la place du soin dans notre vie et dans la société. Cette nouvelle conscience du soin ravive la pertinence des éthiques du care et des politiques du care.

Les actes spirituels soutiennent nos manières de “vivre bien” et, inspirés par les héritages des traditions spirituelles et religieuses, permettent de prendre soin de soi, des autres et du monde : cultiver l’intériorité, stimuler la quête de sens et la formulation des valeurs personnelles, examiner et choisir ce qui convient davantage, attester de la dignité de tout être humain en écoutant la convocation à prendre soin d’autrui, élaborer inlassablement, dans l’entretien mutuel et collectif, le monde commun.

Selon cette philosophie, le care n’est plus une aptitude censée caractériser une prétendue nature féminine plus attentive à la vie et aux personnes mais une exigence démocratique et universaliste. Prendre soin n’est plus une vocation pour quelques-uns, il est une convocation adressée à tous. C’est la société plus largement qui bénéficie de cette restauration, si on donne une définition large du soin dont la finalité est de vivre bien. Prendre soin de l’autre, c’est participer à « maintenir, perpétuer et réparer notre monde ». Comment la promotion de la santé spirituelle doit s’inscrire dans l’action publique avec un souci éthique et une visée morale, à l’endroit de l’ensemble de la communauté humaine ?

L’aumônerie en milieu hospitalier public est une illustration de la laïcité au service de l’intégrité et l’autonomie de la personne. L’assistance spirituelle est donc un service public. La dimension religieuse ou spirituelle étant une composante de l’Homme, notre mission d’aumônier participe ainsi au soin de la personne hospitalisée. C’est pourquoi il nous semble nécessaire d’encourager les soignants à être nos partenaires pour une prise en charge de la personne dans sa globalité et son intégrité : comment bénéficier de la façon la plus juste de leur investissement ?

Le jugement d’utilité dans les décisions d’arrêt ou de limitation de soins en réanimation

Le 18 novembre 2024, le Comité exécutif de la Fondation a décerné ses prix de mémoire 2024. Parmi eux, le travail du docteur Maxime Lugosi, officiant à Grenoble (Isère), dans le cadre d’un diplôme universitaire « Philosophie et santé » co-accrédité par les Universités Jean Moulin Lyon 3 et Claude Bernard Lyon 1. Celui-ci nous présente en quelques lignes sa recherche intitulée : « Le jugement d’utilité dans les décisions d’arrêt ou de limitation de soins en réanimation. Etude de philosophie expérimentale ».

Depuis la seconde moitié du XXe siècle, la discipline de réanimation s’est développée en parallèle de techniques d’assistance d’organe, telle l’assistance ventilatoire ou l’assistance circulatoire, afin de prendre en charge des patients souffrant de défaillances d’organe pouvant entrainer leur décès. Le soin dans ces structures est principalement basé sur un modèle biomédical technicisé qui a permis une amélioration du pronostic des patients en termes de survie.
Suite à l’amélioration de ces techniques sont apparues des situations paradoxales où les personnes vivent au sens physiologique du terme mais dépendent pour cela de techniques lourdes qui ne leur permettent pas de vivre une vie « pleine » au sens de capacité à réaliser les possibilités que portent intrinsèquement une vie humaine. La réanimation n’a pas comme seul objectif de permettre une vie biologique en stabilisant des paramètres physiologiques, mais bien de permettre une vie au-delà de la réanimation. Les réanimateurs se retrouvent régulièrement devant ce dilemme : faut il poursuivre un traitement au prix de séquelles potentiellement lourdes ou d’être dépendant de techniques d’assistance ?
Les décès survenant en réanimation sont souvent le fait de limitation ou d’arrêt de soins, entendu comme la suspension ou la non mise en place d’un traitement, souvent à risque d’effet secondaire, qui ne permet pas d’obtenir les résultats escomptés.
Se pose alors la question de quels déterminants permettent une réflexion aboutissant à la décision de limitation ou d’arrêt des traitements. Les données scientifiques, issues des études et utilisées dans le cadre de la médecine fondée sur les preuves, ne permettent pas d’apporter une réponse individualisée avec suffisamment de certitude. Par ailleurs, les choix qui peuvent être faits concernant ce qui est tolérable ou non, voulu ou non, sont dépendants de valeurs et préférences individuelles. En réanimation, l’état de santé du patient ne permet souvent pas d’avoir son avis sur ces décisions. La recherche des directives anticipées, d’une personne de confiance ou des proches sont des éléments à prendre en compte permettant de faire entendre la voix de la personne. Elles sont souvent insuffisantes ou inexistantes pour permettre de décider.
La loi prévoit que, dans les situations où la personne ne peut donner son avis alors qu’elle est atteinte d’une affection grave et incurable, le médecin peut décider de limiter ou d’arrêter un traitement jugé inutile, disproportionné ou n’ayant d’autre objet que de prolonger artificiellement la vie (Loi n° 2005-370 du 22 avril 2005 relative aux droits des malades et à la fin de vie).
L’utilité d’un traitement serait jugée à l’aune des bénéfices qu’il procure au patient en évaluant la différence entre les effets positifs et négatifs qu’il entraine. Mais comment évaluer ces effets compte tenu de la double incertitude épistémique qui entoure ces situations ?
Il semble que l’intuition morale qui préside au jugement d’utilité et donc d’inutilité d’un traitement est en partie évaluée à la faveur de la qualité de vie attendue au décours de ce traitement. La qualité de vie serait une manière de représenter la différence des effets positifs et négatifs d’un traitement à la lumière des préférences, choix et valeurs d’une personne.

Nous avons mené une étude de philosophie expérimentale afin d’interroger cette intuition. Nous avons invité des médecins réanimateurs et non réanimateurs, en Isère, Savoie et Haute-Savoie, à juger de l’utilité d’un traitement, à partir de vignettes cliniques correspondant à des situations de dilemmes quant à la poursuite ou non d’un traitement.
Au total, 64 médecins ont participé dont 49 réanimateurs. Le jugement d’utilité apparait corrélé avec la notion de poursuivre ou non le traitement. Le jugement d’utilité n’était pour autant pas corrélé à la survie estimée du patient. La survie dans ces situations n’apparaissait donc pas comme une justification suffisante à la poursuite ou non d’un traitement. Des différences ont été notées entre les réanimateurs et les non réanimateurs concernant les corrélations entre le jugement d’utilité et l’estimation de la qualité de vie après la réanimation : le jugement d’utilité est plus fortement corrélé à l’estimation de la qualité de vie après la réanimation chez les réanimateurs que chez les non réanimateurs. Ainsi, la qualité de vie, bien qu’associée à la notion d’utilité d’un traitement, ne permet pas d’englober totalement cette notion et prend une place différente selon les spécialités.
Cette étude ne permet pas d’explorer d’autres éléments qui permettraient de juger de l’utilité d’un traitement, ni de comprendre la différence entre les différents groupes de médecins.
Ainsi, la notion d’utilité d’un traitement semble avoir un caractère opérationnel dans le fait de décider d’arrêter ou de poursuivre un traitement. Ce jugement ne semble pas reposer uniquement sur l’objectif de la survie du patient : il semble prendre en compte une vie au-delà d’une simple vie biologique, une vie permettant de déployer des possibles. Il semblerait que le corps médical n’ait pas une vision homogène de la manière d’évaluer l’utilité individuelle notamment dans les situations où la voix de la personne est inaudible. L’estimation de la qualité de vie ne rend compte que partiellement de la notion d’utilité que l’on attribue à un traitement.
Cela pose la question de la possibilité de juger, par qui et à partir de quoi de l’intérêt d’une vie même si celle-ci est diminuée à son extrême. Comment le principe d’autonomie, valorisé par les dernières lois sur la fin de vie, pourrait aider les médecins à apporter une décision la plus proche d’une volonté singulière compte tenu des contraintes des situations en réanimation ?

Christian Montfalcon (1928-2023)

Le vendredi 8 décembre 2023 après-midi, notre ami Christian Montfalcon est décédé. Coïncidence heureuse, il est parti le jour de la Fête des lumières, une date chère à tous les Lyonnais, mais qui faisait aussi intimement sens pour lui.

Né à Saint-Cyr-au-Mont-d’Or (Rhône) en 1928, Christian Montfalcon était prêtre et fut à ce titre l’un des initiateurs d’une présence active des chrétiens dans le monde de la santé.

C’est à son initiative que fut créée, en 2008, avec quatre femmes et hommes de la région lyonnaise, la Fondation Après-Tout, qu’il voulut dès l’origine exclusivement laïque et constituée autour de femmes et de hommes de toutes convictions. Tous les membres fondateurs d’Après-Tout exerçaient leurs activités dans les milieux de la santé ou du pénitentiaire et ils avaient unanimement conscience du nécessaire accompagnement des professionnels au service de l’humain, ceux à qui la Nation a délégué le soin de prendre en charge les plus vulnérables d’entre nous.

Homme de grande culture, écrivain spirituel hors pair, chantre de la laïcité et d’une foi incarnée, Christian Montfalcon était aussi un homme du terroir, heureux d’aller chasser en Dombes avec ses amis. Jusqu’aux derniers jours, il se préoccupa de la vie et de l’avenir de la Fondation Après-Tout.

Ses funérailles ont eu lieu le samedi 16 décembre 2023 à 10h en l’église de son baptême, à Saint-Cyr-au-Mont-d’Or (Rhône).

Christian Montfalcon avait été promu au grade de chevalier de l’Ordre national du Mérite le 10 novembre 1998.

A l’automne 2024, selon ses dernières volontés, un site web sera mis en ligne et dédié à ses nombreux écrits.

La Fondation Après-Tout réfléchit à l’hommage prochain qu’elle rendra à Christian Montfalcon à qui elle doit tant.

De nouveaux outils de communication

En ce printemps 2024, la Fondation Après-Tout est heureuse de mettre à la disposition de toutes et tous de nouvelles plaquettes d’information que vous pouvez télécharger :

+ Une plaquette d’information sur la Fondation [pour télécharger, je clique sur ce bloc]

Une plaquette destinée aux professionnels travaillant dans le sanitaire ou le social et désireux d’être soutenu sur un projet [pour télécharger, je clique sur ce bloc]

Une plaquette destinée aux professionnels travaillant dans le judiciaire ou le pénitentiaire et désireux d’être soutenu sur un projet [pour télécharger, je clique sur ce bloc]

Une plaquette sur le mécénat [pour télécharger, je clique sur ce bloc]

Une plaquette sur les legs, donation et assurance-vie [pour télécharger, je clique sur ce bloc]

Bonne découverte !

Si vous désirez en recevoir un exemplaire imprimé, envoyez-nous un mail à contact-fondation@apres-tout.fr en précisant le titre du document souhaité !

À quoi bon des poètes dans les lieux d’enfermement ?

La Fondation Après-Tout soutient en juin 2024

une Journée interprofessionnelle « Art, culture, enfermements » à Dieulefit (Drôme).

Concertina organise, jeudi 27 juin 2024 à Dieulefit (Drôme), une journée interprofessionnelle à destination des artistes et des acteurs des institutions qui les sollicitent habituellement.

De nombreux projets culturels se développent dans des lieux d’enfermement, (prisons, hôpitaux psychiatriques, centres éducatifs fermés…).Ces initiatives invitent des personnes privées de liberté à un partage, une expérience, un projet, une aventure et à des questionnements par la rencontre d’artistes, d’œuvres ou de cultures. Une pensée des droits culturels s’impose, depuis près d’une dizaine d’années, aux projets et à leur mise en œuvre. 

Quelle place pour l’audace, le risque ou l’intime ? Où se joue la présence artistique ?
Sur qui agir ? Les personnes ? Les cadres ? Les contextes ? 

Cette journée s’adresse aux professionnels ayant déjà l’expérience de projets avec des personnes privées de liberté ou dont la liberté est réduite.

Programme et inscription  

Nombre de places limité. Inscription à la journée. Déjeuner partagé inclus dans le programme .

Partenaires : Ministère de la Culture, Direction de l’administration pénitentiaire, Direction interrégionale des services pénitentiaires Auvergne-Rhône-Alpes , Direction interrégionale de la protection judiciaire de la jeunesse Centre-Est, Direction régionale des affaires culturelles Auvergne Rhône-Alpes, Commune de Dieulefit , InterSTICES, Fondation Après-tout

Contact : Christine Bolze / cbolze@concertina-rencontres.fr

Intéressante journée de rencontres « prison-justice »

Soutenu par la Fondation Après-Tout, l’Observatoire International des Prisons organisait le 16 mars 2024 à Lyon un temps de rencontre autour de quatre ateliers thématiques et d’une table-ronde sur « Les impacts des faits-divers et de l’actualité sur les politiques pénales et les magistrats ».

Les participants nombreux purent ainsi réfléchir à « pourquoi faut-il autoriser internet en prison ? », avoir un premier bilan des dernières réformes de la justice et répondre à la question de la paternité en prison et du comment maintenir les liens entre le père en détention et son enfant.

En effet plus de quatre personnes détenues sur dix sont des pères de famille, comme l’explique le dossier « « Ils grandissent loin de moi » : être père en prison » du n°121 – décembre 2023 de la revue DEDANS DEHORS. L’Administration pénitentiaire a ainsi édité un guide pour l’accueil des familles et en particuliers pour la prise en charge des enfants

 

Avec Thibault Ducloux, sociologue, auteur de l’ouvrage : Illuminations carcérales : comment la vie en prison produit du religieux (Labor et Fides, 2023, 288 pages, 22 euros), les participants purent découvrir des itinéraires de vie singulier. En effet, dans les années 2010, l’auteur a accompagné minutieusement un corpus de personnes détenues dans la maison d’arrêt de Lyon-Corbas, non religieux, et de tous les âges et profils. Il en a tiré une thèse soutenue à l’EHESS en 2018.

Pendant cet atelier, Thibault Ducloux a mis en évidence les processus affectant les individus et les mécanismes communs amenant certains à « trouver Dieu », et conduisant d’autres à la folie ou au suicide. Il en ressortait une fresque humaine où les affects et les comportements religieux s’imposent en symptômes d’une institution contemporaine qui confronte ses « usagers » à leur propre mort sociale.

Dans une longue interview au Monde des religions parue le 19 novembre 2023, le sociologue montre que « l’illumination » intervient comme une réponse à l’effondrement intérieur provoqué par la déculturation carcérale. Ainsi le religieux se manifeste quand les détenus sont au plus mal, ajoutant à leur désarroi des peurs de nature religieuse. Mais dans le monde très évolutif de la prison, la religion peut ensuite être abandonnée lorsqu’elle ne constitue plus la ressource adéquate pour faire face l’aujourd’hui. 

Ce fut donc au cours de cet après-midi de mars une rencontre intéressante, donnant envie d’en savoir plus en lisant l’ouvrage paru récemment.

Une infirmière reçoit un prix de mémoire de la Fondation Après-Tout

Audrey Catalan est infirmière en réanimation polyvalente et soins continus au Groupement hospitalier des Portes de Valence. Elle a reçu le prix de mémoire 2023 de la Fondation Après-Tout pour un travail intitulé : « Le sentiment de responsabilité dans le processus délibératif de limitation ou d’arrêt de(s) thérapeutique(s) chez les infirmier.e.s de réanimation ».

Ce mémoire a été rédigé dans le cadre du Diplôme Inter-Universitaire « Ethique en Santé » Université Lyon 1. L’auteure nous en présente la dynamique.

« Les spécificités de la réanimation et l’interdiction formelle qu’ont les soignants de verser dans l’obstination thérapeutique déraisonnable les conduisent régulièrement à s’interroger sur la légitimité de mettre en œuvre ou de poursuivre certains traitements. En effet, il est parfois nécessaire dans un mouvement d’humanité de savoir ne pas faire ou de suspendre son action.

 La responsabilité juridique d’une décision de Limitation ou d’Arrêt de(s) Traitement(s) (LAT) reste médicale mais la réflexion qui la précède doit être menée au cours d’une « procédure collégiale », selon le cadre défini par la loi et les recommandations des sociétés savantes. S’il semble y avoir une réelle volonté de donner une place à l’infirmier dans ce processus, celle-ci reste encore floue.

Parallèlement à cela, nos observations sur le terrain montrent que, malgré les questionnements nombreux sur le bien-fondé des prises en charge et le besoin de leur donner du sens, le temps d’échange que constitue la réunion de procédure collégiale est assez peu investi par les paramédicaux qui semblent avoir du mal à s’y exprimer. Ce constat nous a amené à questionner la place de l’infirmier et son sentiment de responsabilité au sein de ce processus délibératif de limitation ou d’arrêt de(s) thérapeutique(s).

En effet, si être associé à l’application de la prescription de LAT engage indéniablement la responsabilité de l’infirmier, qu’en est-il alors de la délibération qui précède cette prise de décision ? Comment la responsabilité de l’infirmier, à qui la loi ne confère pas de pouvoir décisionnel, est-elle envisagée dans le processus délibératif de limitation ou d’arrêt de(s) traitement(s) en réanimation, et comment cette perception impacte-elle sa participation ?

Ce travail nous a permis de mettre en évidence que le sentiment de responsabilité des professionnels paramédicaux était assez peu lié au pouvoir de décider, mais qu’il était fortement conditionné par le fait d’être entendu, d’avoir une place et une utilité dans la réflexion précédant la prise de décision.

Or, si tous les participants à la réunion collégiale s’accordent sur la réelle plus-value du regard paramédical, sur sa connaissance du patient, de son quotidien, de son vécu des soins et de ses souffrances, cela ne semble pas suffisant à conférer un sentiment de légitimité aux paramédicaux qui discréditent (ou pensent discrédités) leurs arguments au profit d’une argumentation plus scientifique… et donc médicale.

De plus, les infirmiers disent ne pas toujours se sentir entendus et jugent leur parole peu influente, ce qui constitue un frein à leur participation.

Repréciser le rôle et les attentes que l’on a de chacun au sein de ce processus délibératif de LAT permettrait donc sans doute à chaque registre d’arguments de pouvoir co-exister, voire de s’enrichir mutuellement.

Partant d’un questionnement initial sur le sentiment de responsabilité des infirmiers en lien avec les prises de décisions de LAT, ce travail se propose de réfléchir, de façon plus large, aux enjeux de la présence paramédicale au sein de la procédure collégiale ; ainsi qu’à une meilleure définition du rôle et de la place que les paramédicaux doivent y tenir. En effet, si le rôle infirmier est bien pensé dans le cadre de la production d’actes, il l’est beaucoup moins dans le cadre réflexif.

Enfin et surtout, ce travail met en évidence la nécessité d’intégrer les paramédicaux à chaque étape de la réflexion éthique, et à ne pas penser leur place uniquement dans les limites de la réunion de procédure collégiale ».

Une orthophoniste reçoit un prix de mémoire de la Fondation Après-Tout

Juliette Petit est orthophoniste aux Hospices Civils de Lyon. Elle a reçu le prix de mémoire 2023 de la Fondation Après-Tout pour un travail intitulé : « Entre principe de bienfaisance et nécessité de protection du patient dysphagique : enjeux éthiques de l’utilisation des textures modifiées ».

Ce mémoire a été rédigé dans le cadre du Diplôme inter-universitaire « Ethique en Santé » Université Lyon 1. L’auteure nous en présente la dynamique.

« Le mémoire que j’ai réalisé se propose de développer les enjeux éthiques de l’utilisation des textures modifiées. La réflexion s’appuie sur un cas clinique illustratif et nous nous référons à des données de la littérature et du juridique.

Si la littérature reconnaît l’efficacité des textures modifiées contre les fausses routes obstructives et dans des situations médicales aigües, il n’y a aucune preuve de leur pertinence contre les pneumopathies d’inhalation. Les liquides épaissis peuvent favoriser la prolifération bactérienne et la déshydratation, les solides modifiés une dénutrition. L’impact de ces textures sur le bien-être est important. Ces connaissances peuvent nous permettre d’informer le patient plus clairement sur l’efficacité des textures modifiées, selon sa situation. Légalement, la volonté du patient doit être respectée s’il a été informé des retombées potentielles. En prenant des décisions uniquement sur l’argument de la sécurité, nous imposons un régime au patient et nous nions son autonomie décisionnelle.

Si réduire le niveau de risque est possible, chercher à supprimer totalement le danger ne l’est pas. Accepter la présence d’un danger et l’incertitude de la survenue de complications peut nous ouvrir à l’écoute du patient. 

Créer cet espace, c’est s’engager à entendre pleinement la demande du patient, à le reconnaître dans sa subjectivité. C’est aussi chercher à valoriser le plaisir et le sens de l’acte de boire et manger, en tant que geste intime, relationnel et culturel.

La relation thérapeutique peut alors se tourner vers l’élaboration d’adaptations souples, que le patient peut réellement mettre en place dans son quotidien selon les possibilités pratiques de son mode de vie. Le temps d’information permet la construction d’une décision partagée et d’une relation de soin plus sereine.

La formation des aidants naturels et professionnels à la conduite à tenir en cas de fausse route est primordiale. L’utilisation de textures modifiées intermédiaires (petits morceaux tendres au lieu du mixé, par exemple) est une piste d’évolution des pratiques vers plus de souplesse et de plaisir, notamment en institution. 

Un défi pour les mondes judiciaire et pénitentiaire : la surpopulation carcérale atteint un niveau sans précédent en France en novembre 2023

Avec 75.130 personnes incarcérées au 1er novembre 2023, la surpopulation des prisons française a atteint un niveau sans précédent, selon les données publiées par le ministère de la justice sur son site Internet : Statistique des établissements et des personnes écrouées en France.

Il s’agit du nombre le plus élevé jamais enregistré, selon les statistiques de l’administration pénitentiaire. A la même date, les capacités des prisons françaises étaient de 60.975 détenus. La densité carcérale globale s’établit à 123,2 %, soit 3,2 % de plus qu’il y a un an.

Dans les maisons d’arrêt, où sont incarcérés les détenus en attente de jugement, donc présumés innocents, et ceux condamnés à de courtes peines, le taux d’occupation est de 147,6 %. Il atteint ou dépasse même les 200 % dans dix établissements.

En raison de cette surpopulation, 2.668 détenus sont contraints de dormir sur un matelas posé à même le sol. Ils étaient 2.225 dans ce cas il y a un an.

Au total, 90.817 personnes étaient placées sous écrou au 1er novembre 2023. Parmi elles, on compte 15.687 personnes non détenues faisant l’objet d’un placement sous surveillance électronique ou d’un placement à l’extérieur.

Le nombre de femmes écrouées (2.499), qui représentent 3,7 % de la population carcérale, et de mineurs (720, soit 0,9 %) reste quasi stable.

Tout au long de 2024, la Fondation Après-Tout va rélféchir à de nouveaux partenariats et à de nouvelles actions de soutien auprès des professionnels désireux de « prendre soin » de la justice, de la réinsertion sociale et des personnes impliquées dans les secteurs sanitaire, éducatif et culturel, pour favoriser un mieux-être de nos contemporains.

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